Massimiliano Tommaso Rezza offre sa vision de l’identité. Il questionne dans ce travail l’individualité et le collectif. Il utilise cinq photographies de personnes assises les unes à côté des autres dans un parc. Entassés, il devient difficile d’en discerner un visage, de reconnaître quelqu’un. Il agrandit les visages nous les exposant un à un en pleine page. Des portraits robots flous et lointains qui ne permettent pas d’identifier un visage.
Le gris domine. L’identité s’efface laissant place à ces nuances. Chacun peut y reconnaître qui il souhaite. Les visages ne sont plus que des formes et des traits spécifiques. Ces traits, propres à chacun, se confondent et dans cette abstraction y naissent de nouvelles personnes, teintées de gris, de blanc et de noir. Sans ces traits caractéristiques, l’identité physique de chacun est compromise. Ces entités floues se transforment et se mélangent au fil des pages. Elles deviennent alors des ombres, se mêlant aux foules et au reste du monde. Elles finissent par devenir tout le monde. Elles sont les ombres qui nous suivent dans la rue, qui prennent le même train que nous ou qu’on croise au supermarché. Ces visages sont ceux que la mémoire n’a pas le temps de figer, ceux que l’on croise durant nos journées mais qu’on oublie aussitôt. Les visages que le photographe nous présente sont à la fois un individu, un non-individu et tout le monde. Il permet le passage délicat de l’individualité au collectif.
Finalement, c’est l’identité en elle-même que le photographe questionne. Comment ne pas être une masse de plus dans cette foule où chacun devient rapidement tout le monde ? Au fil des pages, un sentiment de noyade s’installe. Comme si, les visages finissaient par être de trop, qu’on se noyait dans cette foule, dans ces ombres. Notre identité s’y perd et s’interroge sur son individualité.
