Ouvrage présenté dans un coffret en trois parties, tiré à 250 exemplaires numérotés et signés avec 3 tirages sélectionnés au hasard.
Dans ces images, le temps s’étire. Rien ne presse, rien ne force. Le photographe, présent sans jamais s’imposer, laisse le pays venir à lui. Ses séjours répétés sont comme des respirations, des allers-retours qui ne rompent jamais le fil : il revient, retrouve, reprend, comme si le regard était resté sur place à attendre. Cette lenteur devient la matière même du travail : un tissage patient entre l’œil et le monde.

Les paysages s’offrent dans leur nudité volcanique, sans emphase. Les silhouettes humaines apparaissent, discrètes et pourtant essentielles : un visage tourné vers la lumière, une main tenant une calebasse, un enfant riant dans la poussière. Les photographies n’imposent pas d’histoire, elles nous invitent simplement à être là, avec elles, dans ce suspens du temps qui précède toute parole.

Ce regard se veut bienveillant, presque fraternel. On y sent le respect du photographe pour ceux qu’il rencontre : femmes, pasteurs, guerriers, voyageurs de passage. Aucun exotisme ici, mais l’attention précise à ce qui se tient là, vivant, fragile, digne. La lumière devient une complicité, elle caresse les traits, souligne les objets modestes : une table, un voile, un seau d’eau.
Ainsi se construit une sorte de chant visuel, où chaque image est une note. L’ensemble compose une musique douce, un murmure qui nous conduit de la vallée du Rift aux villages du nord, de la poussière des routes à l’intimité des chambres. Ce n’est pas un récit de voyage mais une méditation sur l’être-là : voir, attendre, accueillir. Et c’est ce qui fait la force de ces photographies : elles nous apprennent à regarder, lentement.