Avec Album, premier livre d’Eloïse Labarbe-Lafon, tout commence comme l’ouverture d’un tiroir secret. Les images y surgissent comme dans un véritable album photo : elles se répondent, s’entrechoquent, composant une mémoire fragmentée où se mêlent fiction, souvenirs et rêverie. À travers plus de 80 photographies prises en France, en Grèce, au Japon ou au Mexique, l’artiste façonne un récit intime et intemporel, où la nostalgie s’accorde à une douce mélancolie.
American Album, publié ensuite, prolonge ce geste en l’élargissant à l’espace du voyage et de l’errance. Ici, les images capturées sur la route dessinent une épopée amoureuse dans une Amérique incertaine, éclatante et factice. Les paysages, les chambres, les diners, deviennent les jalons d’une quête à la fois ardente et insaisissable. Comme dans Album, la photographie argentique noir et blanc, rehaussée de peinture appliquée à la main, introduit une oscillation troublante entre réalité et illusion, entre douceur et vertige.
Réunis, ces deux livres forment un diptyque sensible. Album déploie la mémoire intime, recomposée à partir de fragments d’existence. American Album transpose cette recherche dans le mouvement d’une cavale amoureuse. Ensemble, ils offrent une traversée singulière, à la frontière du souvenir et du rêve, de l’intime et du collectif, comme deux volets d’un même récit en perpétuel devenir.